2 pièces frappées sous le règne d'Henri II
Les deux pièces de monnaie dont il est question sont des pièces en or frappées sous le règne du roi Henri II qui a régné entre 1547 et 1549.

La première pièce est un double Henri d’Or dit “à la Gallia” frappé à Paris en 1552. A l’avers on peut voir le buste du roi tourné à gauche. Il porte une couronne de laurier à la façon des empereurs romains et une cuirasse richement ornée.

Au revers on peut découvrir un motif inspiré directement des monnaies romaines antiques : il s’agit d’une allégorie de la Gaule assise sur un monceau d’armes et de boucliers. Cette image de Gallia porte une Victoire dans la main droite. C’est un motif qui a été fréquemment utilisé sur les monnaies romaines, qui représentaient une allégorie de Rome victorieuse, assise sur des monceaux d’armes prises aux ennemis. Dans la cas de la monnaie d’Henri II, ROMA est remplacée par GALLIA, c’est-à-dire une allégorie de la Gaule ou de la France si l’on préfère.

L’allégorie de Gallia est entourée par la légende OPTIMO PRINCIPI. Cette légende latine signifie “Le Meilleur des Princes”. Elle a été appliquée à l’origine dans la titulature et sur les monnaies de l’Empereur romain Trajan.

On voit donc qu’on a affaire à une pièce inspirée directement par l’Antiquité, ce qui est typique du XVI siècle, qui est le siècle de la Renaissance en France. C’est pendant la période de la Renaissance que l’on a commencé à représenter des portraits réalistes des rois. Jusque là le roi était représenté sous forme d’une image idéalisée.

Mais ce n’est pas tout. Cette pièce est remarquable par ses caractéristiques techniques. Il s’agit d’une pièce en or de 7,24 grammes et d’un diamètre de 28 millimètres qui a été frappé non pas à la main, au marteau, comme c’était l’usage depuis le Moyen Age, mais à l’aide d’un procédé mécanique nouveau à l’époque, la frappe au balancier.

Le balancier a fait son apparition en France en 1550. Son introduction fait partie de la politique monétaire ambitieuse du jeune roi Henri II qui après son accession au trône a réclamé d’obtenir son portrait “au naturel”. Il a alors confié au graveur général des monnaies Marc Béchot l’exécution de ce souhait.

Marc Béchot a fait venir un balancier de la ville de Nuremberg. Ce balancier qui a coûté pas moins de 3000 écus au roi a été installé à l'extrémité occidentale de l'île du Palais à Paris.

On parle de l’Atelier du moulin en raison du moulin à eau qui actionnait les différentes machines destinées à la fabrication des pièces de monnaie.

L’innovation technique de la frappe au balancier permettait de fabriquer des pièces bien rondes et plus grosses que les pièces frappées au marteau.

Hélas la corporation des monnayeurs très conservatrice a refusé cette innovation qui ne n’est imposée qu’un siècle plus tard avec les célèbres Louis d’Or. L’atelier du Moulin a été cantonné à la production de quelques rares pièces d’exception.

3 pièces en or à la Gallia ont été fabriquées : les Demi Henri à la Gallia, les simples Henri à la Gallia et les doubles Henri.

La pièce présentée ici est un double Henri. Cette pièce va passer en vente à Monaco les 20 et 21 octobre 2021. Elle est mise à prix pour 40000 euro. Une deuxième pièce encore plus rare, un demi Henri d’or passe également en vente aux enchères à Monaco les 20 et 21 octobre prochain. Cette pièce exceptionnellement rare manque aux collections nationales. Elle est mise en vente pour 70000 euro.